
C’est à cause de son attrait que la conquête de l’Ouest américain s’est faite. Il valait tellement la peine que ça a permis d’avoir la construction d’une ligne de chemin de fer à travers tout le pays, cela a même suscité l’intérêt de milliers de migrants pour venir s’installer en terre californienne ! Mais alors et Barkerville ? Saviez que cette ville, tout du moins la région où elle se trouve est la raison de la création de la Colombie-Britannique ?

L’histoire raconte que c’est en 1858 qu’un mineur aurait trouvé de l’or, mais n’étant pas sûr si c’en était bien il l’aurait envoyé au responsable local de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Celui-ci lui aurait répondu immédiatement que oui, mais qu’il devait se taire et ne pas ébruiter le son. Il y avait eu quelques années auparavant le « gold rush » en Californie et on ne voulait pas retrouver la même folie sur ces terres. C’est en 1858 que la Colombie-Britannique fut fondée, Richard Clément Moody fut le premier lieutenant-gouverneur général (hasard des choses, il était aussi la personne responsable de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui avait dit de taire la trouvaille). Ce n’est finalement qu’en 1861 que la ruée vers l’or eu lieu après que les rumeurs de trouvailles soient officiellement publiées.
Création de la Colombie-Britannique

La ruée vers l’or californienne et celles en Colombie-Britannique ont une différence majeure. Lors de l’arrivée des mineurs en Californie il n’y avait pas d’état, pas de lois. En ayant attendu et officialisé la colonie anglaise, cela a permis de mettre des cadres juridiques pour ne pas en garder les mêmes images que nous avons du Far West : débauche, massacres, vols, lois du plus fort. Ce n’était pas parfait, mais il y eut un désir de légiférer l’environnement un tant soit peu. C’est ce qui fera une grande différence sur ces deux ruées vers l’or, l’appel à la loi sera beaucoup plus fréquent en Colombie-Britannique alors que quasi inexistante pour le début de l’aventure américaine.
Barkerville, la ville historique

C’est à une centaine de kilomètres de Quesnel plus à l’Est, que se trouve la ville de Barkerville, nommé en l’honneur du mineur anglais Billy Barker qui a trouvé un énorme filon en 1861 à cet emplacement. C’en ai rapidement devenu une ville importante pour le minage, car elle se trouvait au cœur de la vallée de la rivière Thompson là où se trouvait les gisements. Ç’a été une ville active jusqu’au début du 20e siècle, par la suite l’intérêt pour l’or était en déclin. Elle a eu un sursaut d’activité après le crash de 29, mais seulement pour quelques années jusqu’au moment où l’économie était de nouveau au beau fixe. C’est en 1957 que le gouvernement de la Colombie-Britannique décide de faire de Barkerville une ville historique et de la rénover en l’état comme à son apogée. C’est maintenant un des plus grands sites historiques américains avec 130 bâtiments sur plusieurs rues. C’est un village vivant où l’ambiance de la ruée vers l’or est rejouée avec des dizaines d’acteurs.
Ouvert de mai à septembre, Barkerville est maintenant une reconstitution vivante des principaux bâtiments d’activités de l’époque ; bars, hôtels, cantines, laverie, dentiste, journal, maréchal ferrant, église, etc. Il y a des visites guidées afin d’en connaitre plus. Cependant, même sans ces visites guidées on peut être plongé dans l’univers de l’époque avec les acteurs représentants les différents métiers et citoyens qui faisaient partie de la ville.
Des conditions difficiles
Habiter le Canada des années 1870 n’était pas l’endroit le plus accueillant du monde, surtout si on prend l’emplacement de Barkerville qui est assez élevé, mais aussi beaucoup plus au nord que là où Québec peut se trouver. C’était une terre qui n’avait pas de raison d’être habitée non plus. Amérindiens et trappeurs étaient les habitants, passagers de ces lieux, mais c’est avec l’or que les gens ont commencé à s’y installer, il n’y avait pour ainsi dire rien du tout à cet emplacement. C’est à environ 700 km de Vancouver. C’était plusieurs jours de cheval et de marche pour s’y rendre. En hiver, c’était une vallée assez isolée. Le courrier en partance ou en venant à Barkerville avait environ 6 mois de délais.
Il y avait pourtant des Overlanders, c’est le nom qui était donné à ceux venant en Colombie-Britannique par les terres, que ce soit du Québec (rare) ou des prairies. Plusieurs mois de marche pour se rendre à Barkerville. La visite de ce village nous en apprend plus sur ces gens qui ont bravé des conditions terribles pour en arriver là.
La population de Barkerville était originaire du monde entier, beaucoup d’américain qui ont fait le gold rush californien, des immigrés européens et chinois, des filles achetés jeune pour faire l’animation des bars et des anciens esclaves. D’anciens esclaves qui avaient des métiers reconnus, l’on comptait le barbier et le dentiste de l’époque. C’est une donnée que l’on connait peu, celle des immigrés du continent africain au Canada. Rares sont ceux qui savent qu’un des premiers bourreaux à Québec était un ancien esclave noir. Alors qu’on sait que la guerre de sécession américaine (1861-1865) concernait la question de l’esclavage (entre autres) et que 100 après il y avait toujours la ségrégation chez nos voisins du sud. Il ne faut pas croire cependant que le racisme n’existait pas à Barkerville et que tout était mieux de ce côté-ci, mais lors des rués vers l’or, un peu monde à part se crée.
Le plus vieux Chinatown du Canada

S’il y a un milieu qui en témoigner c’est bien l’immigration chinoise, originaire du Guandong qui vinrent immigrer ici afin de devenir mineur. La chine impériale de l’époque, envahie par les Anglais, ne permet pas à sa population d’émigrer, sauf pour les gens de la région du Guandong qui est une province côtière extrêmement pauvre et surpeuplée déjà. Cependant, même si les femmes pourraient émigrer, seuls des hommes vinrent au Canada tenter leur chance de la bonne fortune. Conditions difficile, mais aussi un voyage extrêmement couteux qu’une famille ne pourrait payer à plusieurs membres.

La population chinoise de Barkerville était très nombreuse, ce fut le premier Chinatown du Canada et il y a encore le plus vieux bâtiment de l’époque, celui de la société secrète Chee Kung Tong. C’était une population assez discriminée que l’on considérait comme voleuse de travail, d’or. La population chinoise se mélangeait très peu avec le reste de la population. Le Chinatown de Barkerville était très fonctionnel et avait l’expérience de certains Chinois qui avaient immigré de Californie suite à la ruée vers l’or de là-bas. La visite guidée du Chinatown est très intéressante sur l’histoire de la population chinoise de l’époque que ce soit en Chine ou pour leur arrivée ici.
Impressions
C’est une ville peu, pas connue maintenant, mais apparemment à l’époque c’était une place aussi connue qu’ont pu l’être les villes de l’Ouest américain, car la région où se trouve Barkerville aurait plus d’or que ce qu’il y a pu avoir dans le sud. Encore maintenant il y a des manières et des prospecteurs dans les vallées alentour.
Même si c’est une attraction touristique, nous avons été agréablement surpris de notre visite, l’aspect historique nous a permis d’apprendre beaucoup de choses sur les conditions de vie de l’époque. Tant sur les maisons de mineurs, les mœurs, la création de la province, les conditions des immigrés, c’est étrange que l’on ne connaisse pas du tout Barkerville en étant Canadien, alors que la ruée vers l’or américaine est relativement connue par tous.
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Magnifique reportage qui donne envie de visiter cette ville chargée d’histoire. A l’époque c’était une sacrée aventure, il n’y avait pas les moyens de déplacements et de communication d’aujourd’hui et pourtant ces aventuriers y arrivaient à force de courage et de volonté (et un peu la soif de l’or aussi comme motivation…)
Tout à fait! Dur de se replacer à la place des premiers colons tant cela devait être difficile!