Parler avec une personne engagée et la mettre face à ses contradictions est un acte périlleux. Tout d’abord, il faudrait être soi-même exempt de mauvaises pratiques. Puis, c’est aussi un risque de blesser d’une manière intime une personne dans son orgueil, la mettre devant des contradictions, alors que pourtant selon elle tant d’autres font moins. Risque d’énervement, de résultat contre-productif, une contre-réaction purement émotionnelle.

Connaître ses limites

C’est pourquoi nous devons apprendre à connaître quelles sont nos limites personnelles dans notre engagement. Les connaître et les accepter, n’est pas synonyme de ne pas vouloir changer, ni que cela devienne une béquille sur laquelle s’appuyer pour excuser que nous n’en fassions pas assez. La maxime Socratique « connais-toi toi-même » prend toute son importance afin de comprendre nos barrières et de pouvoir les dépasser.

Pouvoir réussir à faire une démarche consciente de ce que l’on fait qui peut avoir un aspect négatif pour l’environnement. Ce pourrait être bénéfique que d’analyser sur une semaine, un mois, ce que nous faisons quotidiennement et classifier ces actions par rapport à leur impact environnemental. Sans avoir un aspect de jugement, mais simplement de se demander si l’impact est neutre et/ou si tout le monde faire de la même manière si cela fonctionnerait. Selon les réalités sociales de chacun, il se peut qu’actuellement dans le système actuel, on ne puisse faire autrement, mais le but serait de prendre conscience de ce que l’on fait. Puis, même si ce n’est pas un changement immédiat, se permettre de voir sur le long terme comment changer cela.

Savoir reconnaître ce qui est un luxe de notre société et ce qui est correct de faire. Car le problème de l’environnement, c’est que nous avons construit notre mode de vie à son encontre et beaucoup de nos activités et habitudes ne sont pas neutres avec l’écosystème naturel. Il en résulte que souvent, changer ou abandonner ses activités peut être perçu comme une privation quand on se compare aux autres.

Il en est de même quant à l’implication dans la vie démocratique de la ville, de notre communauté ; dans la gestion de la cité. L’homme est un animal social, cependant le système démocratique représentatif et le système économique capitaliste ont modifié la cellule sociale. Il n’est plus nécessaire de participer à des réunions ou à prendre une part active dans l’entretien de son voisinage, de sa rue, de son quartier ou de sa ville. On vote et on paye, c’est suffisant. L’humain occidental n’a plus conscience du fonctionnement d’une communauté. Il y a bien sûr encore la famille et les amis, mais ils ne sont pas toujours habitants du même lieu, on accorde donc plus d’importance à une cellule éloignée physiquement, qu’à la cellule locale.

Autant les gestes environnementaux sont plus ou moins faciles à évaluer, alors que l’implication démocratique est encore un peu floue. À partir de quel moment s’implique-t-on ? Qu’est-ce qu’on doit faire ? Pourquoi est-ce important? Le facteur temps jouera en défaveur de cette implication, car en plus de s’occuper de sa famille, de s’employer pour un salaire, de voir un peu ses amis et puis de se reposer, il n’en reste pas beaucoup de temps.

Ne pas oublier : société

Nous sommes individus, mais évoluant dans une société qui nous a dicté ses règles, qui nous a accoutumé à un confort énergétique. Changer individuellement est important, mais il n’est rien s’il n’y a pas de changement sociétal. L’un et l’autre vont de pairs et l’un sans l’autre ne pourront changer. On met beaucoup d’importance sur le changement individuel, car il est facile de responsabiliser l’individu dans son comportement sans remettre en cause le système, c’est pourtant dans sa globalité qu’il faut requestionner le tout. Car si l’ensemble de la société va dans un sens, l’individu unique pourra essayer de nager à contre-sens, il se fera emporter par le courant.

Tout comme pour son action individuelle, faire un tableau de ce qui marche ou non pour l’environnement est à faire. Cela peut montrer là où l’implication peut se faire et ce qui nécessite un changement global. Qu’est-ce que vous voudriez changer dans votre comportement, mais que vous ne pouvez pas faire sans une aide de la société ? (ex : plus d’accessibilité pour le vélo, c’est une décision à une autre échelle qu’individuelle, mais qui est nécessaire pour le changement de ses habitudes)

Comment faire que notre notion du temps sur une journée, une semaine ou un mois puisse aussi inclure l’engagement dans sa communauté ?

Un projet collectif

Dans le manuel de transition, Rob Hopkins met l’emphase sur une pratique intéressante que nous faisons peu ou pas, avoir une vision d’avenir et l’imaginer. Quel serait le monde dans lequel nous voulons vivre en 2030, 2040, 2050 ? Imaginer cet avenir ou la contradiction n’est plus aussi flagrante, plus aussi dommageable, peut-être même plus présente ; c’est se donner la possibilité d’imaginer les étapes nécessaires en partant de maintenant. Car il est simple de se dire qu’il faut changer cela ou telle autre car elles ne sont pas bonnes, mais changer par quoi, comment et vers quoi ? Le changement peut apporter pire si on ne pense pas au préalable à ce que l’on veut.

Un projet collectif de transition écologique et sociale devrait se doter d’une critique objective de la société actuelle, mais aussi être un support pour la communauté afin d’aider aux changements individuels. Un projet comme celui-ci doit construire une vision d’avenir qui animera les membres de la communauté à vouloir participer à un projet comme celui-ci.


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