La PatenteIl y a des endroits où l’on va parce qu’il y a un but précis, il y en a d’autres c’est par habitude, puis finalement il y a ceux où l’on va car on s’y sent bien. Pour moi, La Patente est successivement devenue ces endroits au fur et à mesure de ces deux dernières années. Au départ, sortant d’une courte formation de menuiserie au Centre Jacques-Cartier, je voulais continuer à essayer de créer, c’était le moment où je cherchais à ne plus rentrer dans un bureau. Les premiers résultats apparurent, créer de ses mains, savoir répondre à ses besoins en créant soi-même, c’est un sentiment gratifiant. Avec le temps, les mêmes visages, on commence à discuter un peu plus, aller prendre un verre à la fin de la journée, on se fait des connaissances, des amis. Une envie de créer, d’être entouré de personne que l’on connait, briser parfois la solitude morne de son atelier dans son garage, alors on se dirige vers ce lieu habité, on s’y sent bien.

La Patente
En plein travail!

La Patente est un atelier collaboratif, un makerspace, c’est-à-dire que c’est un lieu où l’on peut se rendre pour aller y travailler en utilisant les outils mis à dispositions. Il y a deux ans c’était le troisième du genre au Québec ; il y avait la Fabrique qui débutait à Sherbrooke et La Remise à Montréal, mais c’était le premier dans la région de Québec. C’est aussi le plus grand. Situé dans le vieux Limoilou, aux abords de la rivière Saint-Charles, limitrophe à Saint-Roch, c’est un atelier en plein centre-ville. Tout a commencé lorsque des amis, pour la plupart étant dans l’organisme communautaire Vélocentrix, cherchaient un local pour celui-ci. Puis, quelqu’un est arrivé avec des outils à donner, l’emballement s’est pris, l’occasion d’avoir le local s’est présentée et voilà qu’une coopérative est montée avec un local et plein d’outils. On résumant rapidement l’histoire, on peut la voir comme cela, je n’étais pas là à cette époque, ce qui est certain par contre c’est qu’il y a eu un temps humain investit important.

Coopérative de solidarité depuis le départ, il faut payer 30 $ de part social afin de devenir membre de La Patente et ainsi d’avoir accès à l’ensemble des 4 ateliers. Une formation de sécurité d’une durée de 2 h est aussi obligatoire avant de pouvoir commencer à venir travailler. Un tour est fait des locaux, une explication des principales machines de l’atelier de bois, ainsi qu’une explication de ce qu’est La Patente. La formation aux outils est bonne pour les personnes complètement novices, mais elle est bonne également pour ceux plus experts, qui ne sont pas habitués à travailler dans un atelier collectif.

4 ateliers

Bois

La Patente

L’atelier le plus fréquenté est l’espace de menuiserie, où une dizaine de personnes peuvent travailler simultanément. Il y a à peu près tout ce que l’on peut espérer trouver pour travailler, certaines machines plus spécifiques ou de précisions peuvent également être apportées par les membres durant leur période de travail. L’atelier est divisé en deux espaces principaux, l’un où se fait le montage et les finitions, les choses plus manuelles, puis une autre partie où se trouve les machines et les outils à poussière (ex : sableuse).

 

Métal

La Patente
Fabriquer ses pièces en métal, un art!

Le deuxième atelier important en terme de taille, c’est l’atelier de métal. Moins utilisé aux débuts de La Patente, il est de plus en plus utilisé, la présence d’un soudeur à temps partiel qui peut vous aider dans vos projets n’y est pas pour rien. La mode est au bois pour sa facilité de travail, le métal est peu utilisé, mais l’usage de La Patente peut permettre de changer cela car tous les outils sont présents.

L’atelier de textile

La Patente
On peut en faire des choses en couture!

Un atelier plus petit, mais qui a des habitués, c’est l’atelier de textile ; machines à coudre, surjeteuse et des tonnes de tissus sont présent afin de vous aider à réaliser votre projet. Certains y font des habits, tandis que d’autres font la finition de leur camion ou la suite du projet débuté dans un autre atelier. (Un banc, ça lui prend des coussins !).

L’atelier d’électronique

La Patente
Côté rangement de l’atelier électronique

Peu utilisé, l’atelier d’électronique est pourtant là. Il ne demande qu’à réhabilité, lors de notre départ un groupe se formait afin de travailler sur les puces Arduino. Une technologie apparemment simple qui permet de faire plein de projets intéressants et pouvant s’intégrer avec les créations en bois et en métal. Mais il y aussi tout ce qu’il faut pour faire son système électrique si vous faire une lampe ou tout simplement pour réparer vos objets qui finiraient aux ordures si on ne sait les réparer.

Peinture

Il existe aussi un cinquième atelier que nous ne comptons pas, mais qui est la salle de peinture. Même si vous avez tous les outils à la maison, c’est rare d’avoir une pièce dédicacée afin de faire du travail au pistolet à peinture. Encastrée dans l’atelier de bois, une pièce close loin de toute poussière et avec l’aération adéquate vous permet de réaliser le travail parfait.

Formations

La Patente
Formation d’initiation à La Patente

La Patente est le lieu du Do It Yoursel à Québec, mais ce n’est pas seulement un énorme espace pour ceux qui savent déjà faire. Une panoplie de formations allant de la fabrication d’un couteau à la création d’un plan en 3D peuvent permettre à ceux moins expérimentés de s’initier à de nouveaux savoir-faire. Et c’est là un des points forts de La Patente, car avec ses centaines de membres, c’est une ressource inépuisable de savoirs qui est présente dans la communauté.

La bibliothèque d’outils

La Patente
Soirée d’inauguration de la bibliothèque

Le 9 mars, La Patente inaugurée la bibliothèque d’outils de Québec, après des mois de travail comme directeur à La Patente, Maxence a fait voir le jour à ce projet. (Nous avons la vidéo de l’inauguration sur notre page Facebook) Le principe de la bibliothèque d’outils nous l’avons vu dans cet article à Toronto. C’est une nouvelle branche que La Patente offre aux citoyens de la ville de Québec. Car bien que la plupart des projets pourraient se faire dans les locaux de La Patente, il y en a qui ne sont pas exportables, par exemple si vous faites des rénovations dans votre maison. Alors il est possible, pour 60 $ par année, de devenir membre de la bibliothèque et d’emprunter des centaines d’objets gratuitement. Que ce soit des outils pour vos travaux, mais aussi de l’équipement de camping ou de cuisine, pourquoi acheter alors que l’on peut emprunter en partageant ?

La Patente, économie coopérative ou modèle social ?

Bientôt 3 ans que La Patente a fait l’acquisition de son local, 3 ans que les membres ont commencé à faire les premiers travaux et aménagements afin de devenir un atelier coopératif. Plus de 2 ans après l’ouverture officielle des locaux et l’adhésion de plus de 400 membres dans la coopérative, peut-on dire ce qu’est exactement La Patente ?

Une coopérative, même si c’est une coopérative de solidarité, est une entreprise qui répond aux besoins de ses membres, c’est sa mission, mais c’est aussi sa mission qui est également le produit de vente qui l’a rend autonome économiquement. La mission de La Patente est de pourvoir un espace de travail à tous ses membres afin de rendre accessible le fait de créer soit même.

Volontariat

La Patente
Volontaires en train d’améliorer le dépouissiéreur

Le volontariat est une part importante de fonctionnement de La Patente, sans cela, elle n’existerait pas. On parle de volontariat, comme de bénévolat, mais en donnant son temps on en retire un avantage. Pour 16 heures données à l’organisme, on peut se rendre quelques jours gratuitement dans les locaux par mois. Même si avantageux, tous ne le font pas dans cette optique. Car donné de son temps c’est aussi une manière de le passer et de transmettre son savoir. Il est possible de faire du volontariat à La Patente directement dans les ateliers, mais aussi par le biais de formation, de réparation sur les machines, d’aider aux œuvres collectives, d’aider dans les bureaux, toute bonne volonté est la bienvenue. C’est la force de cet organisme qui est aussi un projet et une construction collective.

Un espace social, un lieu de rencontre

La Patente
Rencontre d’un comité

Après plusieurs jours de travail dans les locaux, on peut voir plusieurs dizaines de personnes travaillées en même temps que soi. Ce sera tout autant de profil différent que l’on pourra voir ; la jeune entrepreneure, le travailleur de bureau qui fait son mobilier de maison, le professionnel à la retraite, un groupe d’étudiants réalisant un projet scolaire, la personne donnant tout son temps en bénévolat ou alors d’autres cherchant un idéal de vie. À La Patente, on peut rencontrer des gens visant la simplicité volontaire et d’autres ayant tout en double, on peut trouver des gens avec une famille complète et heureuse, puis d’autres se sentant seuls chez soi. La mission première de La Patente est de fournir un atelier à toute cette diversité de population, c’est tout du moins la version officielle. Mais si derrière cela on n’y trouvait pas un organisme étant également un organisme social servant de lien, permettant une mixité sociale, mais aussi de permettre de se trouver une occupation quand on ne sait pas quoi faire ? Si c’était un lieu de passation du savoir, mais aussi un lieu pour quand on a moins d’argent on peut apprendre à faire soi-même pour économiser ? Et si c’était un lieu pour les curieux qui veulent comprendre comment ça marche ? Et si c’était un lieu qui permettait de combler une solitude quotidienne ? Et si c’était un lieu incubateur d’idées nouvelles et d’économie solidaire de demain ? Et si c’était une solution écologique à la consommation à outrance?

La Patente
Un projet d’aménagement public se construit

Une problématique de La Patente lorsque nous avons quitté était encore et toujours le financement. “Facile” de démarrer ; plein de bonnes idées, de soutiens et d’espoirs sont présents, mais le fil du temps avançant c’est plus compliquer de garder tout cela à flot. On attend de l’organisme un équilibre budgétaire, mais en même temps on se réjouit de son apport social auprès de la population. Or, un vrai organisme social, ne fais pas le commerce du pauvre, comme certains peuvent s’en draper. Comment avancée paisiblement quand sa personnalité reste à définir ? Entre le statut OBNL et coopérative, qu’est-ce qui représente le mieux pour cet organisme ? La Fabrique a Sherbrooke est Coop, les autres que nous avons rencontrés sont OBNL. Comment répondre adéquatement à tous ses membres et leurs profils diversifiés ? Est-ce que développer des activités qui rassemblent et renforcent la communauté serait une solution comme nous l’avons vu à Chicago ? Est-ce que la recherche de l’équilibre budgétaire n’amène pas des solutions adéquates avec son statut de coopérative, mais en contradiction avec sa mission sociale ?

La Patente
Un Laurent en réflexion sur son meuble bureau

L’atelier coopératif La Patente est un lieu incontournable pour tout curieux de la ville de Québec, une explosion d’idée peut nous tomber dessus lorsqu’on passe la porte. Un partage de savoir immense est présent entre les membres et le mot clés entre tous est collaboration. Travaillons sur nos projets, mais aidons nous à les faire. Des défis attendent cet organisme, mais sa présence est importante sur le territoire. Bravo et merci à tous les Patenteux rencontrés au cours de ces 2 dernières années. L’Escargot aurait bien eu du mal à se construire sans La Patente!

 


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