Quand on voyage en van ou en voiture, un moment difficile est l’arrivé dans une nouvelle ville ; on souhaiterait être seul sur la route, n’avoir personne qui freine devant alors que vous lisez un panneau ou alors que l’on vous klaxonne au feu rouge quand vous hésitez sur la route à prendre. Avec les GPS et téléphones c’est maintenant des moments du passé. Magie d’internet, on connaît les villes avant d’y arriver, une simple recherche et l’on sait où aller. La candeur du visiteur, marchant en des lieux inconnu n’est plu, sauf à ceux bien-sûr le recherchant.
Oui, mais bon…
Tout comme le transport, l’alimentation ou l’éducation, il est important que l’aspect technologique de notre société et comment nous l’appréhendons soit dans une vision de la transition. Les services que nous rend actuellement la technologie dans notre mode de vie actuel est sans conteste, mais elle amène aussi bon nombre de contradictions que nous ne remettons pas en cause car celle-ci est considérée comme normal, d’une autre échelle. Pourtant je m’étonne quand une personne veut développer la permaculture, mais a Google Bot dans son salon. Je ne comprends pas lorsqu’en pleine discussion sur la résilience la personne regarde son téléphone pour répondre au dernier message. Je m’étonne de mon comportement parfois si addictif pour faire parler du projet sur les réseaux.
L’impact social de ces entreprises peut être très néfaste, comme les conditions de travail dans les entrepôts d’Amazone, mais aussi toutes les pratiques qui découlent de notre utilisation des TIC (technologies de l’information et communication). Cependant, afin de commencer la réflexion, il est important de comprendre l’impact environnemental des nouvelles technologies, celui que nous ne voyons pas. Si nous ne remettons pas en question notre pratique à quoi cela servirait de faire un jardin communautaire, créer des soirées pour refaire du lien ou alors parler de vouloir faire un changement local ?
Ressources limités
Il y a un minerai, appelé le Coltan qui est la ressource primordiale pour les technologies électroniques. Si elles n’en sont pas à l’origine, les 60 à 80 % des réserves mondiales se trouvant dans la région du Kivu et du Congo ne sont pas étrangères à la continuité des conflits actuels. D’une grande importance pour tout ce qui concerne nos écrans, les terres rares dont 48 % des ressources se trouvant en Chine représentent 95 % du marché, sont de plus en plus consommés. La transition énergétique est galvaudée par beaucoup d’entrepreneurs et de politiciens comme étant la solution, ces nouvelles technologies accentuent cependant le problème des ressources.
Le problème des ressources dans les nouvelles technologies expriment la fuite en avant technologique qu’exprime Rob Hopkins sur les différentes visions du futur que l’on peut avoir. Vanter une consommation d’énergie propre, soit, mais ne pas prendre en compte ses coûts en amont ne vient pas régler le problème. Sur le documentaire d’Arte La tragédie électronique on en apprend plus sur la fin de vie de nos appareils qui finissent pour la plupart dans des décharges en Afrique de l’Ouest. De là, le recyclage se fait pour une question de survie par les habitants de ces quartiers, sans sécurité au péril de leur vie. On y apprend que mêmes des appareils que l’on pensait avoir mis dans un programme de recyclage peuvent finir là ; jeter coûte moins chère, puis il y a tellement de sous-traitants, de maillons dans la chaîne, qu’on ne peut tout tracer.
Data center
Si on ne le voit pas chez soi, c’est que cela n’existe pas. L’internet haute-vitesse et la nouvelle économie dont nous sommes le produit nous permet d’avoir des comptes avec des limites de stockage quasi-illimités, alors on y fait pas attention et on archive, au cas où. Cependant, il faut bien que ces données soit entreposée quelque part. Les Datas Center sont les lieux dévolus à cela pour les entreprises du net ; les GAFAS ont toutes les leurs. Un data center c’est un entrepôt de disques durs, des dizaines de milliers de disques durs toujours plus gros qui sauvegardent les données de votre boite de réception, les photos de votre Instagram, vos Google-docs, vos vidéos Youtube et votre compte Facebook.
Alors on peut accéder à nos données avec n’importe quel appareil, mais cela à un coût. Le plus grand Data center se trouve en Chine, 25 km², vous pouvez en voir d’autre ici. Ce que l’on peine à s’imaginer cependant, c’est le bruit et la chaleur de ces entrepôts. Qui n’a jamais eu un ordinateur qui s’emballe suite à une commande qu’on lui demande de faire ; imaginez plus de 200 000 disques dur tournant à plein régime. Plus de la moitié de l’énergie utilisé par ces centres sert à les refroidir. Beaucoup de nouveaux projets se font maintenant dans des pays du nord, où l’on peut se servir de la température extérieure pour refroidir.
Courriel
Lorsque je travaillais dans une banque, nous avions une messagerie interne, Lotus, au bas de chacun des courriels il y avait la mention « avez-vous besoin d’imprimer ce courriel ? Pensez à l’environnement et économisez du papier. » Ce qu’il faut cependant savoir, c’est qu’outre comme on l’a vu précédemment, l’archivage est un problème, envoyé un courriel n’est pas anodin et consomme de l’énergie. Lorsqu’on appuie sur le bouton envoyer de notre courriel, c’est un signal électrique qui communique avec les serveurs de notre messagerie qui va passer par des dizaines de relais pour arriver au destinataire (ou le courriel sera aussi archivé) et il devra utiliser un appareil électrique pour le lire. Voir le parcours d’un courriel.
Voici une étude intéressante et un extrait prit sur ce site :
Selon cette même étude, envoyer un e-mail de 1 Mo à 1 personne équivaut à la consommation de 25 Wh, soit 25 min d’utilisation d’une ampoule de 60 W ! Ce courrier entraîne potentiellement une consommation d’énergie fossile équivalente à 6 g de pétrole et l’émission de 20 g de CO2. Sur la base de 20 mails par jour, cela représenterait annuellement par personne en émission de CO2 l’équivalent de 1000 km parcourus en voiture ! PDF de l’étude
On pourrait citer d’autres problèmes environnementaux causé par les TIC, mais ces 3 points sont sûrement ceux que l’on pourrait dire commun à tous les utilisateurs. Quasiment 1 personne sur 3 dans le monde est connecté à internet avec un appareil personnel. L’obsolescence programmée et la logique capitaliste de la croissance économique font du problème des matières un enjeu majeur. Mais ce n’est qu’empiré par notre envie du toujours plus et de l’économie virtuelle où les services gratuits se battent pour offrir toujours plus afin de conquérir des parts de marché.
Comment réfréner cette logique et cette fuite en avant technologique ? Comment est-il possible d’utiliser autant d’outils quotidiens dont nous ne sommes pas propriétaires ? Ne pas savoir comment ils fonctionnent, ni de pouvoir modifier leur mécanisme ? Plusieurs pistes se mettent en place et cela même dès l’existence première d’internet : les logiciels libres, mais aussi un mouvement plus récent prenant toutes ces problématiques en compte : le low-tech.
Liens:
Terres rare, production et consommation à gogo, sur Natura-Sciences.com
Quand le monde manquerat de métaux, sur Batamag.net
Revue du livre La guerre des métaux rare sur hummanite.fr
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