Lorsque je travaillais pour une entreprise web, lors d’une discussion au moment du repas un collègue avait soutenu la thèse suivante: « Depuis qu’il y a internet nous sommes plus intelligents, car il n’y a plus besoin de tout savoir, si on veut savoir quelque chose il suffit de le chercher sur Google. ». Ce qu’il voulait dire, c’est qu’il n’est nécessaire de savoir, mais il suffit de savoir comment chercher. Ancien étudiant de philosophie, je n’ai pu m’empêcher de me dire qu’il y avait une erreur de ce système de pensée.
Car si on y pense, c’est la somme des savoirs et expériences que nous avons qui nous permet de réfléchir et d’évoluer. Comment pourrions-nous évoluer ou avancer dans notre pensée, si on prenait de l’information simplement quand on en a besoin et que nous l’oublions par la suite ? S’il n’y a pas de cohérence dans l’acquisition du savoir ; j’aurais beau savoir une formule mathématique complexe, si je ne sais pas la base des opérations je n’irais pas loin avec.
Pourtant, notre quotidien urbain est plus proche de la pensée de mon ancien collègue. Sur l’ensemble des machines que nous utilisons tous les jours, combien saurions-nous construire par nous-mêmes ? L’homme s’est fabriqué des outils afin de rendre son travail plus facile, mais dorénavant nous utilisons des outils technologiques qui remplace le travail. Ce basculement dans l’utilisation de la technique provoque une perte de savoir dans la réalisation de nos activités quotidiennes.
Low-Tech

Depuis maintenant quelques années apparaît un nouveau terme ; low-technology (basse-technologie), le principe est de réapprendre à faire les choses par soi-même avec des techniques simple et économique pour remplacer les outils high-tech que nous utilisons. Apprendre à utiliser l’environnement et la nature sans les endommager, essayer de sortir des énergies fossiles et d’être capable de pouvoir contrôler le processus de fabrication. Low-tech ne veut pas dire moins efficace, mais plutôt simple et recyclable. Ce n’est pas un désir néo-luddites (anti-technologie) mais plutôt une nécessité économique et environnementale.
Économique
Sait-on réellement le temps que nous passons à travailler afin de nous payer ces objets qui remplissent notre quotidien ? Et lorsque le temps est venu de les réparer et que nous ne pouvons le faire, combien cela coûte ? Avoir la possibilité de faire soi-même est un avantage économique, cela coûte bien moins cher. Cependant faire soi-même nécessite plus de temps que de simplement acheter, mais c’est aussi un choix en passant moins de temps à travailler pour un salaire.
Environnementale

Les entreprises qui fabriquent les objets ont un besoin de profits afin de continuer leur activité, cela ne suit pas les besoins de la nature. Même si cela nous permet d’avoir des objets à moindre prix, ce que nous payons ne reflète pas le dommage écologique que nous pouvons causer. Avoir un retour à des manières de faire plus simple avec des produits locaux permet de pouvoir faire le tour de la roue du cycle d’utilisation-décomposition. Au lieu d’utiliser du plastique ce peut être du bois, alors que ne serait pas économique pour une entreprise d’utiliser ce matériel, le faire par nous même peut être tout de suite plus avantageux. Puis le bois, pourra un jour retourner à la terre ou trouver une autre utilisation.
Lorsqu’on fabrique quelque chose on ne pense pas à quand nous le remplacerons, on le fait pour durer, l’obsolescence programmée des objets technologiques est un fléau économique pour le consommateur et un fléau environnementale pour tous.
Du partage
Il y a une association française qui a un projet qui s’intitule Low-tech Lab, qui est un site internet de partage de tutoriels et de savoir sur des manières de faire autrement. En parallèle, ils ont lancé un projet qui s’intitule Nomade des mers, un bateau construit par leur soin qui navigue les mers à la rencontre de projets s’inscrivant dans cette mouvance. Il y aussi le site Instrucables qui a une collection gigantesque de tutoriels.

Les différents makerspace que nous avons visités sont également un bon exemple de ce que l’esprit du low-tech peut ressembler. Beaucoup d’entraide et de partage des connaissances afin de pouvoir apprendre à faire par soi-même. Alors oui, certains makerspaces sont aussi des endroits ou les imprimantes 3D et les gadgets électroniques peuvent foisonner, mais c’est aussi à nous de nous poser les questions sur ce que nous voulons faire avec ces nouvelles technologies. Elles peuvent être nécessaires, mais peut-être pas 7 milliards de fois. Nous avons besoin d’avoir une réflexion sur les nouvelles innovations qui apparaissent dans notre quotidien et l’utilisation que nous en faisons avant que cela soit généralisé à chaque foyer, il ne faut pas que le marché économique règle cela pour nous.
Réfléchir
Tout comme l’idée qu’avait mon collègue avec internet, les outils technologiques de notre quotidien sont un carcan à notre pensée. Alors qu’ils nous sont utiles pour certaines tâches ils en sont venus à remplacer des actions où nous n’avions pas besoin d’outil au départ. Parce que l’on est pressé, que l’on a pas le temps, que l’on ne sait pas faire, etc. Travailler 35h pour un salaire est-il réellement nécessaire ? Il est important de se rappeler que c’est la somme des expériences et savoirs que nous avons qui nous font avancer dans notre réflexion, comment pourrions-nous réfléchir notre quotidien, sur une vie plus en harmonie si nous faisons une impasse sur une partie des informations que nous serions supposés détenir ?
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