Depuis le lancement du projet de monnaie locale complémentaire Québec, il y a de cela maintenant plus d’un an et demi, j’ai pu voir beaucoup venir à nos différentes rencontres. Il y a autant de raisons que de personnes venues pour que les citoyens s’intéressent à ce projet. Cependant, parmi celles qui peuvent revenir souvent, il y a deux thèmes principaux qui reviennent souvent : la dette et la création monétaire. Lors des présentations publiques ou quand je parle du projet, je mets tout le temps pour ma part le fait que ce projet est une réappropriation citoyenne de l’outil d’échange, que ce projet est également la possibilité à une communauté de réapprendre à fonctionner ensemble. Parler de dette ou de création monétaire dans une rencontre d’information sur la monnaie locale me semblait normal, mais ce n’était pas pour moi le sujet principal. Essayons de parler de ce que l’on peut faire, non pas de refaire un constat de ce qui ne marche pas.
Durant le forum social mondial 2016 à Montréal, certains des membres du groupe avaient participé au jeu Géconomicus, qui était organisé par le Mouvement pour un revenu de base français. Le revenu de base est un projet de plus en plus populaire, qui consiste à donner un revenu d’existence de base à tout un chacun, d’une ville, d’un territoire, d’un pays, in fine à tout le monde. Les membres de MLC-Québec qui avaient participé avaient trouvé cela pertinent et réellement intéressant pour le projet de monnaie locale. C’était une activité, qui sous la forme d’un jeu, permettait de comparer le concept « d’argent dette », notre système actuel, et le concept du « revenu de base ».

Après plusieurs rencontres de ceux qui avaient participé durant le forum social, c’est donc le samedi 4 mars que nous nous sommes retrouvés à une petite douzaine de membres du projet à jouer à ce jeu durant 3h. Nous étions les cobayes de cette première expérience à Québec. Un jeu que nous avons joué entre membres actifs du projet de monnaie locale complémentaire à Québec afin de pouvoir noter tout ce qui pourrait être à changer ou améliorer afin que des personnes extérieures au projet puissent en tirer la meilleure expérience possible.
Le jeu Géconomicus se déroule en deux tours de jeux, chaque tour représentant un système monétaire.
Le but du jeu est de créer le plus de valeurs économiques possibles. Pour cela, chaque joueur, doit acheter et vendre des cartes valeur du même paquet, afin de constituer un « carré » de quatre cartes identiques. À chaque « carré » obtenu, le joueur gagne une carte du paquet de la valeur supérieure (voir la feuille d’aide des valeurs).
Le premier tour du jeu, nous devons acquérir le plus de bien économique possible en achetant des « maisons » à chaque fois que nous possédons 4 cartes identiques. Ce tour, c’est le tour capitaliste, chaque joueur ne débute pas avec le même montant d’argent en main et s’il souhaite avoir plus d’argent pour faire des échanges, il doit emprunter à la banque, on ne peut emprunter que par 4, il faudra alors rembourser 5 à la banque.

Le deuxième tour de jeu est quant à lui pareil dans son objectif, mais la manière d’acquérir de l’argent est différente. On reçoit de l’argent, la même somme pour tous, au début de chaque tour. Il y aussi une petite particularité, c’est que nous 4 valeurs de billets, mais seulement 3 par tour, il y a un changement des valeurs de chaque billet à chaque tour, ce qui fait qu’une valeur est éliminée des mains de chaque joueur à a fin de chaque tour afin de laisser place à la nouvelle.
Pour tout ce qui est explication plus approfondie des règles et du jeu, je laisserais les sites spécialisés en parler, ou même à venir à une des séances organisées dorénavant par MLC-Québec. Je me restreindrais seulement à une analyse succincte de ce que nous avons constaté lors du retour sur le jeu après les deux tours. Si vous souhaitez jouer sans ne rien savoir sur ce que vous pourrez constater durant le jeu, je vous conseille d’arrêter la lecture.
Que dire ?


S’il fallait faire un retour rapide, je dirais simplement : on se prend au jeu. Géconomicus me semble intéressant dans le sens ou c’est un jeu avant tout lorsqu’on le fait pour la première fois. Le premier tour de jeu, alors que l’on peut emprunter au banquier pour avoir plus d’argent afin d’échanger plus de cartes, est un bel exemple à petite échelle de ce que l’on peut faire dans notre société de consommation. Aussi comment on peut faire le pari de réussir un carré afin d’échanger d’avoir plus de maisons. Cependant, on devient vite stresser à la fin de chaque tour, car il faut au minimum rembourser l’intérêt d’argent emprunté à la banque. J’ai démarré mon premier tour sans argent, j’ai dû emprunter à la banque dès le départ. À la fin de la première manche, j’ai remboursé l’emprunt total, plus l’intérêt.Au fur et à mesure que le jeu allait, plus j’ai emprunté, mais les fois d’après j’étais embourbé, je ne pouvais rembourser que l’intérêt d’argent emprunter.

J’ai finalement payé plus d’intérêts que ce que j’avais emprunté. Ce qui était un point commun entre les autres joueurs, seul deux n’avaient pas emprunté. Une première démonstration de ce jeu lors du retour, c’est la banque qui s’est le plus enrichie durant le jeu. Son seul rôle avait été de prêter de l’argent, qu’elle n’avait pas forcément, mais elle s’est créé un pécule avec nos intérêts.
Durant ce tour ça été drôle de voir, et moi le premier, que nous avons pour la plupart essayé de penser à nous en premier et à sauter sur la moindre occasion pour acquérir des cartes afin de faire des carrés. Dès qu’un joueur arrivait avec de nouvelles cartes, on essayait de voir ce qu’il avait avant les autres.
Durant le deuxième tour, nous commencions un peu avec la même effervescence qu’au premier, mais plus les manches allaient plus l’ambiance s’est calmée. Quand chacun commence le tour en recevant de l’argent, le concept de dette n’existe plus, il ne faut pas se dépêcher d’acquérir ou d’échanger afin de pouvoir rembourser la banque. Il y a un concept de valeur tournante et bien qu’au départ je pensais qu’il n’était pas bon de garder les valeurs qui allaient sortir, je me suis rendu compte que cela n’avait au final n’a pas tant d’importance, car la valeur qui sort c’est celle qui avait le moins de valeur durant la manche.

Lors du premier tour, les résultats démontreront au final qu’il y aura eu des faillites et beaucoup d’inégalités. Certain avaient, d’autres quasiment rien, et la banque avait le plus. Les résultats du deuxième tour auront montré que bien que chacun avait sa manière de jouer, au final, tout s’est balancé, il n’y a pas ou quasiment pas de disproportion entre les joueurs quant aux avoirs. Certains pensaient avoir moins et d’autres plus, mais lorsque les résultats sont sortis ça a été une surprise de voir l’homogénéité des résultats.
Géconomicus est un jeu qui vaut vraiment la peine d’être testé, il faut pouvoir lui réserver un peu de temps, mais l’expérience est enrichissante. Que l’on soit intéressé ou pas par le concept de monnaie, celui-ci peut très bien être vu comme un simple jeu si l’on ne veut pas aller plus loin, mais aussi comme une explication empirique du fonctionnement de la création monétaire. C’est également une première explication pratique au concept de monnaie libre, du revenu de base.
C’est Ğeconomicus et pas “Géconomicus”, voir http://www.glibre.org/sample-page/ pour savoir écrire la lettre Ğ
Merci pour la précision. Nous avons bien essayé comme dit sur le site, mais avec le MAC en Canadien, la formule n’est pas trouvable.